LES BÂTISSEURS D’EMPIRE OU LE SCHMÜRZ – En compagnie de Luc Bourgeois #CercleTP

Samedi le 7 octobre dernier en après-midi, Luc Bourgeois accueillait nos participants du Cercle des tigres penseurs au Théâtre Denise-Pelletier, pour assister à la pièce Les Bâtisseurs d’Empire ou le Schmürz un texte de Boris Vian mit en scène par le talentueux Miche-Maxime Legault. Les performances des acteurs du spectacle (Olivier Aubin, Josée Deschênes, Marie-Pier Labrecque, Gabriel Sabourin, Sasha Samar et Marie-Ève Trudel) ont conquis les participants du cercle!
On vous présente une synthèse des commentaires et interventions de nos participants.

Le sujet, le texte, le sens.

« L’absurdité est toujours de mise au théâtre. C’est très pertinent. »
Carolle R, retraitée
 
« C’est hyper puissant, et cela vient d’une époque où on abordait beaucoup l’absurde au théâtre. On n’est pas loin de la fatalité, mais Vian aborde cela avec dérision. Avec le côté comique, il y a une façon bien à lui de nous rentrer quand même dedans. »
Luc Bourgeois, comédien
 
« … Ça nous fait faire han han!!! »
JoAnne G, intervenante physique
 
« Ce qui est intéressant, entre autres, c’est que souvent les jeunes voient leur avenir et les vieux sont tournés vers leur passé; et là, c’est l’inverse. »
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
« C’est vrai que l’on montre souvent que ce sont les jeunes qui se disent le centre du monde, mais là c’est le père. Boris Vian est vraiment un auteur de génie, qui a pressenti bien des choses, toujours actuelles. »
Luc Bourgeois, comédien
 
« La pièce questionne la perception de la vie selon notre génération, ce que l’on croit juste, bon, essentielle et le statut social. J’ai beaucoup aimé comment la pièce aborde ces sujets. »
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
« Le dialogue intergénérationnel et l’incompréhension. Ça me rappelle aussi l’holocauste. Et ne pas parler des vraies choses, l’évitement »
Anca M, technicienne administrative
 
« C’est une pièce sur la déconstruction. Tout le monde frappe sur sa conscience. »
Martin M, dessinateur concepteur mécanique
 
« La fuite qui arrive toujours à l’impasse.  »
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Même dans la vie on s’en va tous vers le néant, la mort»
Danielle M, retraitée
 
«Ils vivent dans un monde de mensonge, comme s’il n’y avait pas de passé.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«… ou, ils ne veulent pas s’en souvenir?! Préférant dire n’importe quoi pour ne pas dire les vraies choses»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 
«… mais on fait ça souvent, tous, dans notre vie.»
Danièle M, retraitée
 
«… même leur langage est vide.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Tout au long, il y a de gros interdits qui nous mettent mal à l’aise. C’est vraiment bien construit.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Tout ce qui n’est pas dit dans la pièce, c’est vraiment intéressant; car on en fait ce qu’on veut. Par exemple, même la mère quand le voisin lui touche le bras, elle est froide et la réaction du voisin est forte»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 
« Chaque fois, ils fuient en montant vers le haut. Mais cela demeure leur choix.»
JoAnne G, intervenante physique
 
«Et plus ils montent plus, plus le père devient seul. Plus ça va, plus tu n’as pas le choix de voir, de te voir.»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 

Les personnages, les acteurs et la mise en scène

«Tous les acteurs sont vraiment excellents.»
Tous
 
« Tous des personnages très particuliers, qui aurait pu ne pas être crédibles, mais on y croit.
  C’est d’autant plus difficile, qu’il n’y a pas de logique apparente»
Carolle R, retraitée
 
«… De plus, ils n’ont vraiment rien pour se raccrocher l’un l’autre. Ce n’est pas loufoque. Ça aurait été facile, mais ils ont évité d’être caricaturaux même si tout est là pour grossir l’effet : costume, décor…»
Anne R, bibliothécaire
 
«Il y a d’ailleurs, un peu comme dans Molière, un personnage sans grande éducation qui a des répliques qui nous ramènent sur terre»
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
«C’est d’ailleurs le rôle de Cruche, qui est magnifiquement joué par Marie-Éve Trudel, que je n’ai absolument pas reconnu même si je l’ai vue jouée dans Harold et Maude. Ce qui prouve qu’elle est excellente.» Tous approuvent.
JoAnne G, intervenante physique
 
« Le texte est très difficile à apprendre surement, mais le livrer avec ce talent-là, entre autres avec de l’imparfait du subjonctif sans être ridicule, faut le faire!»
Danielle M, retraitée
 
«La mère est très bonne, et particulièrement quand elle sacrifie la jeunesse soit ce qui est incertain au profit du père, c’est à dire, ce que l’on sait. L’analogie est très forte avec cette société qui préfère sa petite tranquillité aux risques comme l’appui aux artistes
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
«… Le choix toujours actuel de la présupposée utilité prouvée.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«… Le choix du père plutôt que la fille, ça toujours été. Les jeunes ont toujours été la chair à canon.»
Danielle M, retraitée
 
«Sasha Samar, on a mal pour lui. J’étais fasciné par son jeu corporel. C’était captivant. Et quand il commence à enlever son bandage, tu te dis, ça va péter!» Tous d’accord.
Martin M, dessinateur concepteur mécanique
 
«… Quand il commence à se relever, tu fais “yes”!»
JoAnne G, intervenante physique
 
«C’est le genre de rôle qui semble facile, mais qui est très exigent, pas de parole, mais tout vient du corps. Partir de l’écrasant vers le moment où il se relève, cela doit être parfaitement dosé et lié. Il est vraiment excellent»
Luc Bourgeois, comédien
 
«Moi, c’est le moment de l’orange où j’ai eu comme un pincement. Ça été me chercher.»
JoAnne G, intervenante physique
 
« La forme n’est pas évidente pour les acteurs, il fallait qu’ils acceptent tous d’aller dans le sens de Vian et de la vision du jeune metteur en scène. C’est très réussi. On sent que la ligne est claire pour tous.»
Luc Bourgeois, comédien
 
«Pourquoi ce nom : LE SCHMÜRZ?»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Cela vient d’un mot allemand, un dérivé de souffre-douleur, je crois.»
 
«Comme le nom de la fille, je crois que cela veut dire vie étrangère
JoAnne G, intervenante physique
 

Le décor, la scénographie, les costumes, le maquillage, les accessoires, la mise en scène

 
«On sent le vide, avec cette plate forme qui nous fait penser à un radeau où on jette des choses à la mer dont on ne voit pas le fond.»
Vincent K, technicien de laboratoire en biologie
 
«Le noir absolu en bas, on lance dans le vide et on entend pas la fin de la chute.»
Luc Bourgeois, comédien
 
«Les maquillages exagérés, les costumes, ça fonctionnent.»
Anne R, bibliothécaire
 
«Le côté burlesque, cela ne rend pas ça drabe»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 
«Ça opère, tout est enligné dans la même direction. L’effet comique qui pourtant énonce des énormités et qui en même temps frappe. C’est là le génie artistique de Vian, une supra conscience.»
Luc Bourgeois, comédien
 
«Mais c’est jamais lourd»
Anne R, bibliothécaire
 
«Les accessoires, les costumes, le décor, le jeu tout le monde est au même endroit. Un travail remarquable de compréhension et de direction du jeune metteur en scène» Tous d’accord
Luc Bourgeois, comédien
 
«C’est super efficace, ce côté hallucinatoire. La spirale, tu peux t’y perdre. Tu peux aller dans diverses directions.»
Danièle M, retraitée
 
«L’effet des murs qui rapetissent, des portes qui tout à coup ne sont plus là, les oranges qui ressortent… On sent l’étouffement.»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«Tout est très bien fait avec une économie de moyens»
Danièle M, retraitée
 
«La mise en scène m’a rappelé les mises en scène de Paul Buissonneau. C’est étonnant pour un jeune metteur en scène.»
Carolle R, retraitée
 
«Tous les accessoires servent à des analogies. Même les ballons que la jeune lance dans le vide, c’est comme des bombes, et elle ne sait pas où les lancer pour provoquer le changement»
Lucie M, cuisinière dans la réalité.
 

Conclusion

Tous ont adoré la pièce et tous les aspects : jeu, mise en scène, scénographie, texte…
 
«J’en aurais pris encore. Je vais en parler en arrivant avec mes grands enfants et les envoyer voir la pièce. J’ai hâte de savoir ce qu’ils m’en diront.»
JoAnne G, intervenante physique
 
«On va rester avec beaucoup de choses de cette pièce, ça touche toutes sortes d’aspects de nos vies»
Martin M, dessinateur concepteur mécanique
 
«Ça montre que l’on est encore dans la même dynamique que lorsque cela a été écrit en 58 où la bombe atomique était une menace, la société qui s’effritait; si tu ne montes pas assez vite, tu seras détruit; on ne regarde pas les bobos, on se préoccupe seulement des objets. C’est le génie de Vian et la réussite de ce jeune metteur en scène, de rendre cela avec l’absurde, si actuel»
Jean-Claude R, rédacteur en chef
 
«J’aime particulièrement quand une pièce nous laisse plein d’interrogations, comme celle-ci; c’est pour cela que je viens au théâtre. C’est très réussi.» Tous d’accord.
Anne R, bibliothécaire