FENDRE LES LACS – En compagnie de Violette Chauveau

Violette Chauveau © Julie Artacho

  Violette Chauveau © Julie Artacho


Ce mardi 8 mars, à 19 h, Violette Chauveau accueillait nos participants du Cercle des tigres penseurs au Théâtre Aux Écuries , pour voir Fendre les lacs.
« J’aime, au théâtre, ce qui est audacieux, différent, ce qui offre un autre angle pour comprendre la réalité, ce qui prend risque ; comme comédienne, j’aime être bouleversée. C’est pourquoi j’aime le texte de Steve Gagnon. »
Violette Chauveau, comédienne.
« La présence de l’eau, dès notre entrée dans la salle. C’est saisissant. Nous qui sommes urbains, avec cette scénographie, on est tout de suite ailleurs. Tout le décor, c’est une texture très particulière. L’eau vient envahir tout le monde. L’humidité, l’atmosphère, les odeurs créent un inconfort épouvantable. Ça m’enfonçait dans le propos. J’ai eu une réaction presque physique, j’avais froid. C’est la force de la mise en scène et de l’écriture » C. Desjardins, avocate
« avec les odeurs aussi, j’ai beaucoup aimé cet aspect » M. A. Bouchard, adjointe administrative compagnie en design
« J’ai été absolument dérangé par l’eau, cela crée un inconfort. Tu as le goût de te tenir sur le bout des pieds. Ça appuie le texte. » Spectateur anonyme
« C’est comme l’aspect qui devrait être idyllique mais qui va être tout le contraire. Ça va devenir comme un étau qui se resserre, qui joue sur le «spleen» du personnage au cœur lourd » K. Laurier, développeur web
« Moi, la présence de l’eau a fait que je me demandais comment les comédiens allaient sortir de la pièce. J’avais des frissons pour eux. » L. Miville, cuisinière
« Est-ce que l’inconfort créé vous fait décrocher du texte parce que vous vous inquiétez du comédien qui risque d’attraper froid ? » Violette Chauveau, comédienne
– Tous répondent que non
« Même si je me suis inquiétée pour les comédiens, cela ne m’a pas empêchée de comprendre à quel point l’eau est un élément important. D’ailleurs, tout dans cette pièce fait que rien n’est dans la bonne dimension. Ils sont dans l’eau mais pas vraiment dans l’eau, la personne décédée est au centre mais elle n’est pas vraiment au centre de l’histoire…Les personnages ne finissent pas leurs phrases, chacun s’adresse l’autre mais l’autre n’est pas vraiment en communication… » L. Miville, cuisinière
« L’eau m’est apparue comme une métaphore. Le calme d’un lac qui comme eux ne change pas, sauf quand les personnages bougent avec énergie sans pour autant en sortir. C’est comme un marais, ils stagnent tous… » J. Picard, jeune éducatrice spécialisée
« L’eau sert aussi comme symbole, comme l’enfant qui sort du liquide amniotique, à d’autres moments cela permet aux personnages de se rapprocher, d’avoir des gestes d’intimité. » K. Laurier développeur web
« J’ai beaucoup aimé le décor. J’ai rarement vu l’eau utilisée comme ça. D’habitude un lac c’est calme, rassurant ; ici, c’est tout le contraire du réconfort, de même que l’éclairage» M. Bouchard, jeune retraitée
« Il y a beaucoup de bonnes idées de mise en scène » Violette Chauveau, comédienne
– Tous d’accord
« C’est un très beau texte, très poétique. Le personnage de la mère dont le mari est mort, est impressionnant et troublant. Il y a des mères qui sont même dangereuses pour leurs enfants. C’est la 2e pièce de Steve Gagnon où les mères sont dangereuses, c’est bouleversant. Il écrit magnifiquement bien. »L. LeBlanc, analyste d’affaires
« Même la mère la plus agée semble être un peu la mère de tout le monde sauf de son fils » J. Picard, jeune éducatrice spécialisée
« Le texte est magnifique, il y a de la poésie mais très facile à comprendre. Beaucoup de très beaux moments où le texte est remarquable. Particulièrement, la déclaration d’amour de la jeune, c’est très beau. » C. Desjardins, avocate
– Tous appuient
« Un autre moment très fort dans la pièce, c’est lorsque la mère-voisine parle avec celui qui vient habiter chez elle, le barbu aux belles boucles. Moi, j’ai vraiment aimé cette scène -là. La comédienne est vraiment excellente. J’ai complètement oublié l’odeur de la cigarette car je ne pouvais pas imaginer cette scène là, avec le stress de cette femme, sans qu’elle fume » M. Bouchard, jeune retraitée
– Tous ont été marqués par cette scène. 
« On ressent la douleur et la détresse de la famille «déconstituée», dans cette scène comme dans les scènes du jeune qui parle avec difficulté, cherche à s’étouffer…L’acteur est excellent d’ailleurs. C’est une pièce complexe, où chaque ficelle de l’histoire vaut la peine, sans qu’on trouve «LA» ficelle qui les relie. Pendant la pièce, on n’arrive pas à mettre ça ensemble, mais au final, on comprend » K. Laurier, développeur web
« Parmi les moments forts, la crise du personnage interprété par Karine Gonthier-Hyndman, révèle une actrice formidable, qui incarne parfaitement son personnage.» Violette Chauveau, comédienne
– Tous approuvent
« C’est l’envers de la vie, dans la vie ont a plus d’enfants que de parents ; ici, les enfants ont beaucoup de parents sans avoir vraiment de parents. » L. Miville, cuisinière
« Même si le contexte est très différent de la «norme» québécoise, la douleur et la détresse sont très semblables aux détresses éprouvées dans une famille en situation difficile. » J. Picard, éducatrice spécialisée en jeunesse.
« Les thèmes de la tristesse, du désespoir sont traités dans un cadre sauvage [de racine, d’eau, d’animaux…]On se sent carrément happé par cet atmosphère. À la fin on espère une renaissance. » C. Desjardins, avocate
« La fin est très belle, et on comprend l’analogie avec la situation du Québec. Moi cela correspond à mon propre cheminement où j’ai besoin que ça change ici au Québec, sinon j’ai le goût de partir, comme dans la pièce. La multitude de solitudes au Québec qui nous fait stagner, ça devient un malaise profond. On manque de sympathie les uns pour les autres. » K. Laurier développeur web
« C’est l’ainée qui est au cœur du dénouement…pour qu’ils deviennent des adultes. Il y a un certain espoir. Pour moi, il y a plus d’une seule personne qui s’en sort…» C. Desjardins, avocate
« Celui qui a tourné en rond toute sa vie, il a besoin que ça finisse… » L. Miville, cuisinière
« …Il s’identifie à l’enfant qui étouffe… » J. Picard, jeune éducatrice spécialisée
« …Il vit de la culpabilité face à sa sœur et devient un sauveur… » M. A. Bouchard, adjointe administrative compagnie en design
« …Et ne veut pas que la mère devienne comme sa propre mère. Et ce moment de colère est très fort. » L. Miville, cuisinière
« Il y a une interdépendance des personnages. S’il y en a un qui bouge, les autres pourraient bouger. Chacun est intéressé par un autre, qui lui est intéressé par un autre…C’est un des aspects que je trouve très intéressant dans cette pièce » Violette Chauveau, comédienne.
« Ils se parlent, mais ne se disent rien. Ils ne sont pas vraiment ensemble » J. Picard, jeune éducatrice spécialisée
« Pour moi, c’est comme des flashs de la vie de différentes personnes. Comme si c’était toutes des lignes parallèles qui ne communiquent pas. Il n’y a pas de point de rassemblement.» C. Desjardins, avocate
« Le fait que le texte est souvent plus crié qu’autre chose et parfois je ne comprenais pas les mots. Je trouvais cela pénible, difficile à supporter. Peut-être est-ce aussi parce que j’entend d’une seule oreille; mais je trouve cela agressant» M. Bouchard, jeune retraitée
« Je remarque qu’au théâtre au Québec, on a tendance à livrer des textes comme une mitrailleuse.» K. Laurier, informaticien, développeur web
« Surtout au moment de la longue déclaration d’amour, où il n’y a pas beaucoup de langage non verbal…» J. Picard, jeune éducatrice spécialisée
«…Moi, ce débit, parfois faisait que j’avais de la difficulté à respirer. Je me suis obligée à écouter le texte plus que l’interprétation. Et j’ai trouvé cela très beau…» C. Desjardins, avocate
« …Je crois que c’est voulu, surtout avec la non réaction de l’autre… » K. Laurier, informaticien, développeur web
« …sa froideur aussi, c’est voulu. » M. A.Bouchard, adjointe administrative compagnie en design
« …Je l’ai reçu comme un cri de désespoir, très poignant. » C. Desjardins, avocate
« Parfois, cela fait que le texte n’est pas clair, est-ce à cause de la diction, l’articulation, la respiration ou l’incarnation du personnage, ou parce que c’est la première? » L. LeBlanc, analyste d’affaires.
« Ce sont des personnages uniques qui vivent des choses touchantes. J’ai eu de la difficulté à m’attacher aux personnages même s’ils m’intéressaient» M. A.Bouchard, adjointe administrative compagnie en design
« Est-il nécessaire de s’identifier aux personnages pour les comprendre ? Je ne crois pas. Ils ne me ressemblent aucunement mais je ressentais leur étouffement. Je peux les comprendre sans m’identifier » C. Desjardins, avocate
« Je pense que le théâtre, au contraire de la télévision, nous fait découvrir d’autres univers, des personnes, très différentes de nous ; peut-être aussi pour que l’on s’intéresse à eux et que l’on accepte, sinon saisisse ces univers complexes. C’est un peu le rôle des artistes d ‘être révélateur de la complexité de l’humanité » F. Capistran, pdg en communications
« La fragilité de la jeune fille, je l’ai vu dans ses cris forts comme les chiens blessés qui se plaignent » J. Picard, jeune éducatrice spécialisée
« Toute la pièce c’est comme un étau qui se resserre. Beaucoup de spleen…beaucoup de mots. J’ai aimé le décor et les acteurs mais j’en ressort le cœur lourd. » M. A.Bouchard, adjointe administrative compagnie en design
« Je tiens à souligner que j’ai beaucoup apprécié l’échange avec vous tous, au Cercle de ce soir, car je vois la pièce avec beaucoup plus de nuances que si j’étais repartie tout de suite après. Ce fut vraiment très intéressant. Merci. » M. Bouchard, jeune retraitée