LES MANCHOTS – En compagnie de Robert Lalonde – #CercleTP

Ce samedi 18 mars, à 15 h, Robert Lalodne accueillait nos participants du Cercle des tigres penseurs au Théâtre Quat’sous, pour assister à Les Manchots, interprété par Paul Ahmarani, Larissa Corriveau, Kevin McCoy et Sasha Samar, un texte et une mise en scène de Olivier Kemeid.
« Les bras me sont tombés. C’est excellent. Le déroulement à la bonne vitesse…On comprend tout, même les propos de l’anglophone. C’est la crise vue de l’intérieur avec un grand I ! J’ai adoré ! » Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
« C’est fait pour que chacun se voit dans la situation. Moi, j’ai vu notre fils, si ça lui était arrivé, on se demande comment on aurait réagi. C’est ce que j’ai ressenti. Tout au long, je me suis demandé comment j’aurais réagi si j’avais été là, et qu’on m’avait demandé de l’aide. Cette pièce est venue me chercher et pourtant je déteste tout ce qui est politique. Mais si on abordait toujours les choses  comme ça, là je me sentirais concernée. J’ai vraiment beaucoup aimé la pièce. » L. Ferguson, courtière d’assurance commerciale.
« Je ne suis pas quelqu’un qui va beaucoup au théâtre, mais, j’ai vu quelques pièces depuis le Cercle, et des pièces comme ça, ça vient me chercher. Avec des textes comme celui-là, je viendrais souvent au théâtre. C’est pas comme certaines pièces que j’ai vues qui n’apportent rien de plus que ce que l’on voit aux nouvelles ou dans les téléromans à la télévision. Ici on est à l’intérieur du conflit. Cette pièce, elle a tout pour te faire réfléchir et t’émouvoir à la fois. C’est mon top, ça dépasse tout ce que j’ai vu !» Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
« La pièce : une puissante tentative de secouer les gens et la fibre humaniste qui sommeille en chacun de nous. » E. Desmarais, directeur cie d’assurances.
«… On fait vraiment partie de l’affaire.» G. Jean-Gilles, coutier immobilier
«… On est dans la 4ième chambre» Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
«… Dès le début, on arrive, et les acteurs sont déjà là, c’est vraiment impliquant. On se prépare. C’est comme sentir les plats dans un bon restaurant sans les voir encore. » E. Desmarais, directeur, cie d’assurances.
«.. Ça impose le respect. » G. Primard, massothérapeute
« La mise en scène est  vraiment excellente, laissant à chaque personnage son territoire. Le décor aussi  permet de bien différencier chaque personnage. » Marie Bouchard, retraitée
« La pièce nous fait ressentir les situations, les émotions ; même si on n’a pas été exposé à ce genre de situations. Encore plus si on vient de cette réalité. Le journaliste bidon, le père qui a vécu la guerre, la victime…C’est souvent aborder en fiction au cinéma ou à la télé, mais le théâtre, c’est un autre médium pour nous faire vivre de façon vraiment touchante ces réalités. » J-C Deslandes, consultant à l’international.
« Le texte est fluide, cru et poétique à la fois.  L’éclairage crée vraiment un sentiment de réalité. Que ce soit le jour ou la nuit la nuit, tout se passe la nuit. La nuit est propice à ce qui se vit dans la pièce. Je n’ai pas pu m’empêcher de me questionner sur le rôle que des événements comme ça nous imposent. » G. Jean-Gilles, courtier immobilier
«… T’es vraiment dans des chambres d’hôtel, comme on en trouve partout dans le monde. » J-C Deslandes, consultant à l’international.
« J’ai beaucoup aimé que ce ne soit  pas rose bonbon et qu’il n’y ait pas non plus  de pathos. J’ai vu le vrai dans cette pièce, l’état de guerre, où que ce soit dans le monde, où l’ordre des choses est renversé. » G. Jean-Gilles, courtier immobilier
« Moi, petit, en Haïti, j’ai vécu quelque chose comme ça. La pièce m’a ramené au 93 rue de l’Enterrement à Port-au-Prince. Quand le palais a été renversé, ce n’était pas une guerre mais ça tirait vers la mer et ma mère voulait qu’on reste à l’intérieur. L’entraide était juste dans la famille; on se refermait sur nous. Ça m’a ramené à ces événements. Si je retournais là-bas maintenant et qu’il arrivait quelque chose, je capoterais plus que quand j’étais petit. » G. Jean-Gilles, courtier immobilier
«… Ici, nos enfants  sont tellement protégés, je crois qu’ils ne survivraient pas à des événements comme ça. » L. LeBlanc, analyste d’affaires T1.
« Pour moi, la guerre ici, c’est le prétexte. On y reconnaît des lâches, des gens qui aiment se faire valoir, d’autres qui se jettent au front pour aider, d’autres encore qui profitent de la situation…Au Québec, on n’a pas vécu la guerre, mais des fois on est en guerre les uns avec les autres.  La pièce m’a beaucoup plu et parlé. C’est à la fois poétique et réaliste. Même en ce qui a trait à la femme qui joue le rôle de celle qui tente de ramener l’harmonie. » M. Bouchard, retraitée
« La pièce nous fait partager la triste réalité que plusieurs vivent au quotidien. Même l’existence du sniper : il y a des gouvernements qui envoient des gens tirer sur la foule, comme ça… » J-C Deslandes, consultant à l’international
« L’infirmière, qui passe ici  de l’un à l’autre, c’est un peu comme ce qui s’est passé sur l’autoroute 13, les 300 personnes coincées et les responsables qui se relancent la responsabilités » L. Ferguson, courtière d’assurance commerciale
« Juste devant le théâtre, il y a quelques minutes, une personne perdue, avec un problème de santé mentale et  qui cherchait de l’aide…La pièce nous ramène a ça » Robert Lalonde, comédien et auteur
« Notre lâcheté collective et notre indifférence, ce détachement face aux autres, font-ils de nous tous des exilés ? » A. Oshun, artiste
« Je suis entrée dans chaque personnage. Sauf peut-être le journaliste dont l’attitude face aux événements m’énervait [c’était son personnage, très réussi]. Mais cette pièce, j’étais dedans. Et ce théâtre qui permet d’être près des comédiens, c’est vraiment idéal pour  la pièce. On voit vraiment les émotions des comédiens. J’ai vraiment beaucoup aimé, le texte, la musique, les éclairages… » G. Primard, massothérapeute
« Le journaliste, c’est comme s’il regardait la télé. Mais lorsqu’arrive la vraie personne, là, lui comme nous est confronté à la réalité. » E. Desmarais, directeur cie d’assurances.
« Il y a deux entités dans le journaliste : celle de l’ombre et celle de la lumière. L’un rampe, l’autre  veut être vu. » M. Bouchard , retraitée
« Le personnage du journaliste, on s’identifie à lui. C ‘est facile de le juger, mais on est aussi des voyeurs des consommateurs, victimes de  l’entertainement, et on aime ça et on ne fait rien. » A. Oshun, artiste
« Je crois que c’est entre autres pour ça que des jeunes se radicalisent » E. Desmarais, directeur cie d’assurances.
« Le tireur… La justification de ses gestes au début ça paraît léger, mais … » J-C Deslandes, consultant à l’international.
«… ça prend du temps avant que l’on comprenne, on a le temps de le juger… » E. Desmarais, directeur cie d’assurances.
«… la jeune femme , c’est la conscience. La blessure, c’est la blessure de la justice, la blessure sociale… » J-C Deslandes, consultant à l’international.
« …c’est elle qui est le pilier. Alors que c’est pourtant elle qui est blessée. C’est elle qui s’élève au dessus de la mesquinerie, du chacun pour soi… » L. LeBlanc, analyste d’affaires T1.
« Si on me présentait une personne blessée dans ma chambre, je me demanderais d’abord ce que je ferais. Puis, je crois que je l’aiderais… » L. Ferguson, courtière d’assurance commerciale
« …Oui, mais c’est une responsabilité dont tu ne veux pas. » E. Desmarais, directeur cie d’assurances.
« C’est drôle qu’il y ait ici, maintenant, deux femmes qui porteraient  secours et que deux hommes parlent de se protéger. » A. Oshun, artiste
« Le père, il ne comprend pas la décision de son fils, qui semble, comme ça arrive souvent, lui reprocher de rester à l’extérieur de son pays, de s’être déconnecté…» A. Oshun, artiste
«…Comme beaucoup d’immigrants qui ne veulent pas retourner dans le pays qu’ils ont quitté pour protéger leur enfants…» A. Oshun, artiste
«… on reste essentiellement parents …» J-C Deslandes, consultant à l’international.
«…mais pourquoi, même au bout une deuxième , même une troisième génération, on veut retrouver nos racines ? C’est aussi le cas des enfants adoptés. » L. Ferguson, courtière d’assurance commerciale
« C’est très fort, chez Olivier, le courage de provoquer tout ça en nous. Ça questionne aussi cette décision de ne pas raconter à nos enfants tout ce qu’on a vécu parce que c’est trop dur, et qu’on veut leur éviter ça. Et d’autre part, pourquoi on est poussé à aller vérifier…Cette impression qu’on ne nous a pas tout dit. » Robert Lalonde, comédien et auteur
« Quelqu’un a dit «La mort d’un homme, c’est toujours une tragédie, la mort d’une multitude, c’est une statistique » C’est un peu ça que j’ai retenu. Nous, on regarde les événements actuels, de loin, car il n’y a pas de visages. Puis, arrive l’infirmière qui change tout. » L. Ferguson, courtière d’assurance commerciale
« Dépendant de où l’on est et de qui l’on est, les statistiques ne sont pas les mêmes. 10 ou 1,000 à Port-au-Prince…Et puis, n’importe où un seul être devant toi… Alors que dans la pièce, ils ont encore une place sécuritaire, ils sont chez eux, proches des leurs. Ça change toutes les perceptions. » G. Jean-Gilles, courtier immobilier
« Olivier Kemeid, ici, comme dans tout ce qu’il fait, évite le pathétique totalement. On sent les situations. L’auteur entre en communication avec le spectateur. Une chose qui m’a beaucoup touché, c’est le besoin d’avoir un interlocuteur. La catastrophe fait venir la nécesstité profonde de parler vraiment à quelqu’un, ce qu’on n’arrive pas à faire, en temps normal, le reste du temps. » Robert Lalonde, comédien et auteur
«…Ce qui est bon dans cette pièce, malgré l’horreur de la situation, c’est que chacun  a quelqu’un à qui parler. Dans des événements comme ça, on devient réellement vivant. C’est beau d’essayer de se parler. La vraie détresse, c’est l’indifférence. La guerre, la terreur, ça réveille. » G. Jean-Gilles, coutier immobilier
« Le côté poétique et aussi  dur, comme la réalité, pour moi cette pièce va durer dans le temps, sera reprise longtemps. On pourra la jouer dans plusieurs années encore. » Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
« La mise en scène, la scénographie, le décor, la musique… magnifiques. Chaque chambre représente un aspect de cette révolution. C’est très réussi. » L. LeBlanc, analyste d’affaires T1.
« Ce sont tous de très bons comédiens ! » (Unanimité, ici.) A. Oshun, artiste
« C’est vraiment très réussi parce que je suis aussi sensible à cet aspect. Souvent au cinéma ou au théâtre  le son te distrait. Ici, au contraire, il te plonge dans l’émotion des personnages.» Tous d’accord.
«Si on se regardait tout le monde…Ce qu’on fait ou ne fait pas pour l’autre… Comment apporter à l’autre, chacun à sa manière, avec ses limites… ? »M. Bouchard , retraitée
« La pièce me laisse croire que si on ne peut pas s’aider soi-même, on ne peut pas aider l’autre. Ça me paraît de base. Je me sentais coupable de ne pas aider… » G. Jean-Gilles, coutier immobilier
« Mais parfois, afin de s’aider soi-même, ça prend une infirmière comme dans la pièce. En vieillissant, on aime notre petit confort, notre petite routine. Je me rends compte que je suis bien dans  mon nid douillet. On a besoin d’un coup de pied extérieur, sinon on se referme sur nous-mêmes. » L. Ferguson, courtière d’assurance commerciale
«Aider quand ça dérange, oui. Mais des fois il faut cogner aussi.» Robert Lalonde, comédien et auteur
La trame sonore
«Pour moi la musique, c’est très important. Ici, c’est magnifique ce que Brault a fait. C’est à la fois tragique et calme. » L. LeBlanc, analyste d’affaires T1.
« Ce qui est difficile à réussir dans une trame sonore, c’est d’opter pour une trame de fond plutôt que de souligner le conflit. Philippe Brault réussit de façon remarquable à révéler les émotions que les personnages ne peuvent avouer. C’est aussi un grand artiste. Et Olivier sait s’entourer d’artistes de grand talent. » Robert Lalonde, comédien et auteur.
«D’ailleurs, les coups de fusil, nous rappellent suffisamment la réalité. Tout est vraiment lié. C’est excellent. » Lucie M, cuisinière en milieu carcéral
Tous unanime.